Interview d’Estelle : « Je devais être la scénariste de ma propre vie et pas juste l’actrice. »

Bonjour toi,

J’espère que tu vas bien.
Aujourd’hui, pour le retour de l’interview devenir adulte, on accueille Estelle. Elle a accepté de nous partager son vécu et sa vision de l’âge adulte. Je te laisse découvrir son parcours.

Prénom : Estelle
Age : 35 ans
Métier : Senior Lead Designer

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Grande enfant de 35 ans, j’ai grandi en Alsace dans une famille modeste mais aimante, entourée de femmes fortes. J’ai toujours été encouragée dans ma créativité, même si personne n’avait de métier vraiment créatif autour de moi. J’ai notamment été élevée par ma mère et ma sœur, âgée de 11 ans.

Lorsque tu étais petite, imaginais-tu ta vie actuelle de cette façon ?

Absolument pas ! Quand on est enfant, notre force c’est d’idéaliser (ou dramatiser) tout ce qu’on envisage. Il n’y a pas de demi-mesure. Donc arrivée à l’âge adulte, c’est parfois la douche froide, le temps de s’adapter, comprendre, évoluer. On apprend beaucoup de théories dans nos études, certains savoir-faire, des théorèmes et autres formules. On n’apprend pas à devenir adulte et faire face aux responsabilités et à la charge mentale qui va avec.

Tu voulais faire quel métier lorsque tu étais enfant ?

Je ne vais pas être très originale, je voulais être vétérinaire ! Mais j’ai rapidement compris que cela n’implique pas seulement d’être auprès des animaux. Parfois il fallait les voir gravement souffrir ou partir. Je m’en suis rendue compte lors du décès brutal de mon premier chat. Ensuite je suis passée par plusieurs phases. J’ai longtemps été passionnée par les étoiles (sans doute en rapport avec mon nom). J’ai voulu être successivement : astrophysicienne, professeure d’espagnol, peintre… avant de trouver ma voie.

C’est quoi pour toi « être adulte » ?

C’est avoir conscience de ses responsabilités, les assumer, faire des choix… tout en ayant la souplesse d’esprit nécessaire pour revenir dans un état d’insouciance enfantine quand les responsabilités ne sont pas en jeu.

Ta vie actuelle te convient ?

Maintenant oui, mais il y a 5 ans je n’aurai pas tenu le même discours. J’ai fait une sorte de crise de la trentaine. Prise dans un cercle vicieux en plein milieu d’une relation longue, qui ne menait à rien et était ponctuée par de l’emprise et de la violence, je me suis rendue compte que je n’étais plus moi-même. J’ai du tout envoyer valser sans comprendre que ça allait me demander un travail psychologique important pour me sortir de tout ça. Ce n’était que la première pierre de l’édifice. Aujourd’hui, je ne regrette rien, même si j’aurai aimé en prendre conscience plus tôt !

En regardant en arrière, changerais-tu quelque chose ?

Curieusement non. Même si j’ai vécu des choses très lourdes, elles m’ont fait devenir celle que je suis aujourd’hui. Je préfère mettre mon énergie à construire mon futur en traçant mon présent, qu’à regarder en arrière. Je le fais uniquement pour tirer des leçons, mais pas pour regretter.

As-tu vécu la crise des 25 ans / des 30 ans ? As-tu remarqué un changement ?

A 25 ans j’étais perdue dans mon identité donc je n’ai rien vu passer. Comme j’en ai déjà parlé, j’ai tout vécu à 30 ans. Je trouve que le corps change aussi, et l’expérience professionnelle qu’on a alors acquis commence vraiment à prendre de l’ampleur et à nous mettre vraiment face à nos responsabilités. C’est à ce moment que l’on vieillit d’un coup, et qu’on se rend compte qu’on est définitivement adultes.

Comment vois-tu la société actuelle ?

J’ai des difficultés monstrueuses à me projeter. J’ai du mal à comprendre comment évoluer dans ce monde qui d’un côté se veut plus ouvert et inclusif, mais derrière la violence n’aura jamais été aussi forte. Les enjeux politiques, climatiques, sociaux, font de notre société un endroit particulièrement anxiogène. Je fais souvent cette ersatz de blague à mes amis, disant qu’il est inutile de se préoccuper de notre retraite car on sera sans doute morts avant par une énième pandémie ou crise climatique. J’ai une vision plutôt maussade alors que je suis une personne optimiste et enthousiaste à l’origine. Ma solution pour sortir de tout cela : tenter de vivre au jour le jour.

A quel moment tu t’es sentie adulte ?

Au moment où j’ai tout envoyé valsé de ma “vie d’avant” sous emprise et violence. C’est là que j’ai compris que je devais être la scénariste de ma propre vie et pas juste l’actrice. J’ai rencontré cette personne jeune, à 20 ans, je sortais de l’enfance/adolescence. J’étais jeune adulte et même si j’avais quitté le nid pour venir étudier à Paris, je n’avais pas encore grandi. Je me suis laissée bercer par cette personne jusqu’à comprendre que mon identité et ma vie entière étaient en jeu. J’ai évolué d’un coup.

En grandissant, as-tu été déçue de quelque chose ?

J’ai définitivement perdu une forme d’innocence. J’ai été particulièrement déçue de la violence des gens. Cela a été dur de comprendre, aussi bien dans le milieu professionnel que personnel, que tout le monde n’avait pas forcément des intentions louables. C’est la manipulation au sens large qui me déçoit.

As-tu peur de l’avenir ?

Sur un plan sociétal, oui. Sur un plan personnel, non. Une véritable contradiction sans doute due à mon côté Gémeaux (haha).

Vieillir te fait peur ?

J’ai vieilli d’un coup entre 30 et 35 ans, donc plus maintenant, même si j’avoue avoir déprimé en découvrant mon premier cheveu blanc récemment.

L’enfant que tu étais, serait-il fier de la personne que tu es devenue ?

Oui, fière d’avoir pu reprendre ma vie en main et de la diriger en étant en constante évolution.

As-tu une anecdote sur ton enfance à nous partager ?

Pour rester dans l’univers créatif, ma mère me racontait que les dessins animés ou programmes jeunesse c’était bien, mais ce que je préférai c’était les pubs ! Elle m’enregistrait des VHS (ouh la vieillesse) complètes de pub que je regardais de temps en temps !

Quel est ton plus grand rêve ?

Je suis passionnée de cuisine, je suis devenue photographe culinaire en parallèle de mon métier. Je rêve de pouvoir écrire un livre de cuisine 🙂

Un dernier mot ?

Be yourself !

Un grand merci Estelle d’avoir accepté de te confier à nous. Je te souhaite de réaliser ton rêve et de publier ton livre de cuisine, j’y crois. Je te souhaite beaucoup de bonheur et de succès pour la suite.

On se retrouve très vite avec une nouvelle interview devenir adulte, en attendant tu peux toutes les lire juste ici. Tu peux également découvrir la boutique en ligne.

A très vite

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