Bonjour toi,
J’espère que tu vas bien.
Tout d’abord, j’aimerais commencer par te remercier de ta fidélité car ce blog vient de fêter ces trois ans. Je suis extrêmement reconnaissante et heureuse que ce blog fasse son petit bout de chemin alors un grand merci à toi.
Aujourd’hui, je te propose une nouvelle interview d’une adulte en devenir : Daphné. Elle se confie sur sa 25ème année où elle a pété un câble et quitté son emploi, mais aussi sur le monde qui nous entoure.
Prénom : daphne.milpiet
Age : 27 ans
Métier actuel : Directrice d’un centre de transcription pour déficients visuels / autrice.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Cette question est toujours difficile, je ne sais jamais quoi dire. Je suis Normande, professeure des écoles en disponibilité (= congé sans solde) depuis bientôt 3 ans. A côté de mon emploi salarié, je suis autrice de polars et thrillers. Je vis en couple depuis 5 ans, c’est ma première relation amoureuse qui dure.
Lorsque tu étais petite, imaginais tu ta vie actuelle de cette façon ?
Pas du tout. Je me suis toujours imaginée prof, ce que j’ai été pendant 4 ans. A la suite d’un burn-out, j’ai arrêté. Je travaille dans la ville où j’ai grandi. Mais je ne pensais pas y rester. J’ai toujours eu du mal à me projeter. Même encore maintenant, je ne sais pas où je serai dans deux ans.
Tu voulais faire quel métier lorsque tu étais enfant ?
Institutrice spécialisée auprès des élèves difficiles, depuis toujours c’était mon seul objectif, que j’ai atteint ma dernière année. Mon rêve était aussi d’être égyptologue mais j’ai vite compris que c’était impossible.
C’est quoi pour toi « être adulte » ?
Être responsable, indépendante. Ne pas appeler ses parents à la moindre difficulté. Habiter seule et tout gérer (le ménage, les courses…), gérer les factures, ses impôts. Mais aussi se questionner sur nos routines de vie et nos choix.
Ta vie actuelle te convient ?
Oui. Après une période très difficile suite à mon burn-out il y a 3 ans, j’étais au fond du trou. Je ne pensais pas en sortir mais j’ai persévéré et ça a fini par payer. J’ai un travail que j’aime, je suis en couple et épanouie, je suis autrice publiée, chose que je n’avais jamais osé imaginer.
En regardant en arrière, changerais-tu quelque chose ?
C’est compliqué. J’ai pas mal de regrets dans ma vie, et je me reproche d’avoir fait de mauvais choix. Mais si j’avais le pouvoir de revenir en arrière, je ne sais pas si j’accepterais. Ce sont ces choix qui ont modelé la personne que je suis aujourd’hui. Je serais alors à coup sûr différente mais peut-être pas mieux.
As-tu vécu la crise des 25 ans ? As-tu remarqué un changement ?
C’est à mon 25è anniversaire que j’ai pété un câble et quitté mon emploi de prof. Rien n’allait dans ma vie à ce moment-là, selon moi. Y compris ma vie personnelle. Je l’ai très mal vécu et sombré dans une grosse dépression pendant 2 ans. J’avais des envies suicidaires tous les jours, je pensais ne jamais m’en sortir.
Comment vois-tu la société actuelle ?
Notre société est encore très moche. Remplie d’injustice, de haine, de colère. Je m’éloigne au maximum des actualités car c’est à majorité négatif et ça me révolte de voir encore ce qu’il se passe ici, rien qu’en France, un des pays les plus riches du monde. Mais aussi partout dans le monde, les guerres, les famines, les crimes contre l’humanité qui perdurent.
A quel moment tu t’es sentie adulte ?
Quand j’ai commencé à travailler. Je ne me sens pas encore tout à fait adulte dans le sens je ne me sens pas femme, ou alors jeune femme. J’ai encore pas mal d’insécurité sur certains points mais je deviens de plus en plus indépendante et je prends de l’assurance.
En grandissant, as-tu été déçu de quelque chose ?
Que je n’évoluais pas comme je l’avais espéré. J’ai très mal vécu mon adolescence et j’étais pressée d’être adulte, mais c’est venu tard. C’est vraiment depuis un an que je me sens mieux et que je me sens changée.
Et plus globalement, que le monde évolue trop vite dans certains domaines mais trop lentement dans d’autres, notamment les inégalités, les discriminations (sexisme, racisme, homophobie…).
As-tu peur de l’avenir ?
Clairement. J’ai peur que notre monde stagne, voire que ce soit de pire en pire. Je suis très tournée vers l’écologie et je pense que jamais nos efforts rattraperont tous les dégâts causés à la terre. Quand on voit le contexte sanitaire dystopique que l’on traverse, on sait que cette crise n’est pas la dernière et c’est effrayant.
Vieillir te fait peur ?
Oui. Comme je n’arrive pas à me projeter, je n’ai aucune idée de plan ou d’objectifs à suivre. Sans compter que la vieillesse chez les femmes est encore perçue très négativement. J’ai peur d’avoir des regrets, des rêves jamais réalisés.
L’enfant que tu étais, serait-il fier de la personne que tu es devenue ?
Je pense que oui. Je suis fière d’en être arrivé là, en évoluant tout en restant qui je suis en profondeur. Mon plus grand rêve, mourir sereine.
Un dernier mot ?
Ce sont pour la plupart des questions que j’évite de me poser au quotidien, car elles m’angoissent beaucoup. Ca n’a pas été facile d’y répondre mais je suis contente de l’avoir fait et fière d’avoir réussi sans pleurer (oui, on peut dire que je suis légèrement émotive).
Un grand merci Daphné pour tes réponses, j’ai été très touchée par ton interview et te souhaite énormément de succès et d’épanouissement dans ta vie. A ton tour, je ne peux que t’encourager à suivre Daphné sur son site Internet ou encore sur son Instagram.
Si tu souhaites à ton tour répondre à l’interview d’un(e) adulte en devenir, tu peux me contacter dans les commentaires, sur le formulaire de contact ou encore sur l’Instagram devenir adulte où l’on est plus de 4000 !
A très vite
Merci beaucoup pour cette interview !
Je ne vais pas mentir, ce n’était pas une retrospection très agréable mais je pense qu’il est important parfois de faire un bilan, même sur les épreuves douloureuses, pour voir à quel point on a su avancer.
Très intéressant ces questions réponses. Ce n’est pas un sujet facile à aborder ! Mais bravo Daphné, d’avoir remonté la pente et d’être aussi pétillante.